Opale et moi…

Vous l’aurez peut-être remarqué, la couture femme n’occupe pas sur ce blog une très grande place. Pourtant des patrons, j’en ai. Des Burda, des Ottobre, des livres de couture japonaise, des Deer And Doe, du Grains de couture, il y a le choix. Mais je ne passe jamais le cap. Même si je prévois toujours de me coudre une ou deux petites choses pour la saison à venir, c’est toujours au final, la couture pour les petites qui l’emporte. Moins codifiée, plus simple rapport à une morphologie moins « originale », plus inspirant, aussi, peut-être, j’y suis plus à l’aise pour le choix des couleurs, les petites fantaisies y sont plus autorisées, voire même recommandées, bref, en couture petite fille, je me lâche, je m’éclate.

Et puis aussi, j’ai fait quelques expériences malheureuses. A coudre « bêtement » un patron sans prendre ses mesures, sur la simple notion de taille commerciale, alors qu’on est pas forcément dans les standards, c’est le moyen le plus simple d’être déçue. L’année dernière j’ai investi dans quelques livres de patronnage adulte (Teresa Gilewska, Le modelisme de mode vol. 1, Coupe à plat les bases ed. Eyrolles), et j’ai compris ce qui pêchait. Par la même occasion, j’ai compris aussi qu’il me faudrait un peu de boulot pour me coudre des vêtements adaptés. Résultat, une procrastination notoire jusqu’à il y a quelques jours.

Cette robe, Opale, c’est comme pour beaucoup d’autres mon coup de cœur du livre d’Ivanne Depuis que j’ai le livre, depuis février donc, j’en rêve. Un simple coup d’œil aux tableau de mesures m’a confirmé le côté « huile de coude » qu’il me faudrait pour interpréter les modèles féminins du livre. Cet « écueil », ajouté à mes doutes que la robe Opale puisse me convenir, ont relegué le projet au dessous de la pile, très très loin. Mais souvent, j’y repensais, je faisais des calculs, je (re)prenais des mesures, je compulsais mes livres de patronnage, je relisais le cahier technique, j’allais presque me lancer et puis je repoussais. Je la coudrais, un jour, quand je serais moins ceci, plus cela, quand j’aurais retrouvé mon corps d’il y a 10 ans, 20 ans, tout ça, je ne vous fait pas de dessin … Autant attendre la Saint Glin-Glin, la semaine des 4 jeudis, ou que les poules aient des dents. A ma connaissance, ce n’est encore jamais arrivé.

Il y a quelques jours, je me suis dit que je n’abordais pas forcément le problème de la bonne manière. Et qu’il valait mieux cesser de me censurer en termes de modèles et finalement, oser. Parce que le très bon côté de savoir un peu coudre, c’est tout de même la possibilité de sur-mesure que cela confère. Alors j’ai copié le patron de la robe Opale, et je l’ai adapté pour moi ! (Plutôt que de tenter de m’adapter à Opale) Trève de bla-blas, la voilà :

 Robe Opale (Grains de Couture pour Hommes et Femmes). Fin Chambray bleu à pois argentés (Ouvrage des dames).

 Alors, alors, techniquement, qu’est-ce qu’il y a dans cette robe :

– Le compromis de taille nécessaire à ma morphologie, suite à la prise sincère de mes mensurations (que je taierais ;-)).
– L’adaptation des pinces poitrines pour qu’elles tombent pile poil au bon emplacement , tuto disponible ici : Adaptation de pinces poitrines existantes à sa morphologie
– La reprise de l’encolure dos qui baillait, selon la technique décrite dans le livre Grains de Couture (Une chose est certaine, on est pas livrée à nous mêmes face aux patrons de ce livre !),
– Le redressement de la ligne d’épaule, trop tombante pour moi sur le patron initial.

Pour tester mes modifications à plat du patron, puis pour l’adapter plus finement, j’ai bien pris soin de faire une toile de la partie corsage de la robe. Une fois mon « gabarit d’Opale de base » dessiné, je me suis attaquée à la version définitive :

 – Ouverture de l’encolure pour qu’elle soit plus de forme bateau (mais moins que la version d’Ivanne),
– Ajout d’un petit col claudine en pointe (factice dans le sens où il est simplement appliqué sur le devant, et ne fait pas le tour de l’encolure) un peu comme Smichkine l’avait fait au mois de mars.
– Des fronces pour la partie jupe au lieu de plis, ça me semblait plus adapté dans ce joli chambray souple et fin.

 Concernant le zip, il est bien plus long que conseillé dans le livre, je ne sais pas ce qui m’a pris, il fait quasiment toute la longueur de la robe. Je voulais être sûre de ménager une ouverture suffisante, je crois que c’est bon :-). J’ai eu peur que cela donne une certaine rigidité au côté zippé, mais au vu des photos, ça roule, la fermeture est suffisamment souple. Je l’ai posée suivant la technique du livre, sur couture fermée, ça a plutôt bien marché.

J’ai essayé de vous rendre le scintillant de ce superbe tissu de l’Ouvrage des Dames …

Défilé

 

Résultat des courses : et bien ma foi, je suis ravie. J’ai porté ma robe toute la journée d’hier, j’y suis très à l’aise, signe que mes adaptations sont correctes, et que le temps que j’y ai passé en valait la chandelle ! J’en imagine d’autres versions -une vraie révolution !-, ce sera beaucoup, beaucoup plus simple maintenant que j’ai mon patron de base ( qui nécessite encore quelques améliorations notamment la correction de l’emmanchure au dos, qui baille encore un peu, à ma décharge, c’est loin d’être évident de travailler sur son propre dos).

 J’ai aussi appris énormément de choses en faisant ce petit travail de patronnage, pas si rebutant que ça finalement (les bras m’en tombaient, en cause aussi le fait de travailler sur moi-même, ce qui représente en soi un sacré motif de renoncement), et même, disons le mot, passionnant. Et quand le résultat est là, c’est très très valorisant, et motivant ! Un petit goût de « reviens-y »,en somme :-). En fait, je me coudrais bien Belladone

A bientôt !

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